samedi 30 septembre 2023

άγονη γραμμή

 

  habitant des marges et régions frontalières. espaces vacants, absences non remarquées. les ailes m'en tombent

 

  rien-à-dire ne conclut pas d'histoire, rien-à-dire en constitue le cœur battant. sous fleur de peau battue, les caresses minées

 

  sautiller derrière un pauvre caillou nous mène jusqu'au ciel, par un jeu de miroirs brouillés. pour finalement nous retrouver ici-même, nommément le nulle part

 

  aller ailleurs, prendre un autre chemin, changer de lagune - et tout cela afin de demeurer fidèle à, et... l'absence à vif

 

  c'est conscient d'être conscient que je pars en vacances - de ces vacances dont on ne revient pas, vacances qui n'accrochent pas. άγονη γραμμή...

 

άγονη γραμμή

mercredi 27 septembre 2023

d'une tristesse le dard

 

  les caresses on en fait ce qu'on veut, on se les fourre là où on veut
  il suffit de flotter, de retarder le plus possible l'instant où l'on coule
  l'on coule désolément

 

  j'ai peur de rentrer quelque part
  de me dire ben voilà, maintenant que t'es rentré quelque part, tu vas pouvoir te reposer
  te gratter
  jusqu'au sang
  jusqu'à l'os
  jusqu'à la moelle
  et puis quand tu auras fini de te terroriser, si tu n'arrives toujours pas à jouir, enfonce la langue

 

  je m'assois
  sauf que cette fois-ci, je ne m'assois devant rien, aucune eau ne coule
  aucun loup ne hurle
  les morts à la marelle, on les voit sautillant c'est ridicule
  obscène
  sont morts pour rien en plus
  et rien ne rattrapera cela

 

  je crois bien que c'est fini
  tu peux l'affirmer dorénavant, définitivement fini
  ce qui jamais ne cesse, une fois fini, rien ne l'arrête
  une vraie rage de dent
  un vrai mal de chien
  une fois fini, commence l'éternité, laquelle jamais ne rompt, ne cède ni ne trahit
  dimanches et jours fériés, mais vraiment sans pitié

 

  j'ai déchiré ma chemise
  déchiré mon torse nu
  le cœur au chien, la pâtée au zombi
  si on était équipé de bouches on s'embrasserait sans faute ni limite, de bave à peine
  si on était équipé de sexes on se niquerait le sexe, ça nous ferait du bien
  ça nous apaiserait en quelque sorte, ça nous réconforterait
  même si ça sent bizarre

 

dimanche 24 septembre 2023

d'une fois la rue montreuil gentil

 

  pourtant je l'ai entendue. je l'ai entendue chanter. voire fredonner. timide c'est fredonner. il faut plus qu'une oreille pour faire un homme. il faut plus qu'une intériorité inquiète, abîmée. plus qu'un rouleau de pansement. il faut un homme pour faire un homme, et puis ce quelque chose de vivant qui va avec

 

  je tremble des viscères. tellement j'ai peur. de je ne sais quoi, de je ne veux même plus savoir quoi. faux-semblant que de savoir. je ne marche que faute d'un lieu qui m'accueille, me retienne. je ne marche que faute d'assise. assis sur un vide mouvant

 

  je ne mangerai pas mes morts. je ne veux rien avoir à faire avec mes morts. je coupe les liens qui les font miens. je ne suis personne, enfin. enfin je ne suis personne. pourquoi est-ce donc si lourd encore ?

 

  tout ce qui s'oublie ne parle que de moi. en être réduit à la mémoire, quand ce bond soudain dans l'oubli comme un orgasme non-désiré, non prémédité. qu'on te soutire à l'improviste, en état de grimace. et se tenir en cet écart-là de l'improviste - entre la mort se lève et la tombe-tampon, d'autre part les framboisiers

 

  j'ai bien cru ne pas m'en relever et effectivement, je ne m'en suis pas relevé. j'ai néanmoins rampé, comme on flotte sur des débris de coquilles. ça fait mal mais c'est toujours quelque chose, avoir mal. je ne dirais pas mieux que rien, mais quand même quelque chose, de plus que rien

 

d'une fois la rue montreuil gentil

jeudi 21 septembre 2023

la mort en rose

 

  dieu me distance. bon, je le laisse courir devant. je traîne sale, derrière. je me touche le sale. la pureté en chacun, je pleure dessus c'est tout. ou plutôt je pisse mes yeux dessus

 

  ça fait longtemps que je n'aime personne. est-ce cela, vieillir ? est-ce cela dont on parle quand on se dit mort ? je tire sur les oreillettes, je déplie le papier, mais pas de bonbon dedans. pas de bonbon dans le bonbon, que dalle

 

  je n'ai jamais rien compris à rien. ni aux premiers amours, comme s'il pouvait y en avoir de seconds, ou de suivants. je me bats contre le vide et c'est à vide que je me bats. je me bats contre le vide et c'est le vide qui me bat

 

  je rampe. je rampe. ce n'est pourtant pas le charnier, mais je m'enlise. j'essaie de formuler un vœu, rien ne vient. je tente un saut approximatif, le sol fait défaut, où s'écraser. mon ombre s'empale sur mon ombre

 

  un peu plus tard n'existe pas. un peu plus tard est déjà toujours depuis toujours, abominable perpétuité. je me sens comme dépecé. la mort sent la mort et l'air ne pénètre pas, fenêtres closes, volets croisés

 

lundi 18 septembre 2023

brouillard sur toute la ligne

 

  comment se fait-il qu'on soit mort, déjà, depuis toujours, et cependant vivant ? pour quoi la chose, pour quoi la mort, pourquoi quand on rit jaunissent nos dents ?

 

  on est mort comme si on ne l'était pas, ou que vivre faisait seulement semblant de vivre. on est mort comme si la tache au fond n'était pas l'origine

 

  je n'ai pas de chien. je n'ai pas d'os de chien non plus. je ne sais pas ce que j'ai - juste la nausée qui me prend face à tout ce qui me manque, face à tout ce qui n'existe pas

 

  mourir ne me réconciliera pas. mourir ne me sert définitivement à rien. un plat de fèves, l'irritation de la gorge au passage de la fumée. même le bref soulagement que procurerait la mort m'abîmerait

 

  je suis mort comme si mourir ne m'en coûtait. je suis mort pour rester fidèle aux abandons. je marche dans la nature et oh combien je déteste la nature. quitte à trouver refuge en ma propre nudité

 

brouillard sur toute la ligne

vendredi 15 septembre 2023

ουσία ξένη

 

  les nuits
  ne veulent plus rien dire, c'est la guerre dans les deux camps
  je ne suis pas aveugle c'est le néant total qui
  m'écarquille les yeux et s'y déverse à jeun, tiens, remplis ton verre
  tiens, vide ton verre

 

  nous sommes si froids parmi les neutres
  je suis un imbécile, je suis un point commun, je me faufile
  entre les jambes de femmes sans jambe, j'arrive au bout
  je suis à bout
  mourir à l'instant t

 

  j'transporte les vitres
  d'une rive à l'autre, passeur de chants muets
  il n'y a rien entre moi et moi que
  l'infinitude d'un néant, les traits troubles des quelques visages le composant
  le décomposant
  le questionnant perplexes : loup y es-tu ?

 

  d'un côté dieu, de l'autre le chemin parcouru
  et cette envie d'gerber qui me tord les boyaux, qui me tient par les couilles, un peu par l'océan
  un jour discret, un jour tout en
  haussement d'épaules, je ne m'attendais à rien, quand bien même je
  ne m'y sentais pas vraiment prêt

 

  la voix perce-misére, or c'est de la misère qu'on fait les tas
  je soigne mon look - tout crâne rasé que je sois, j'arrange mon ch'veu
  il y a des hommes qu'on embrasse sans trop bien les connaître
  et puis la fin du monde, une seconde à peine avant l'é-
  jaculation

 

mardi 12 septembre 2023

portrait craché

 

  il a peu de peau sur les mains, et encore moins de main sur les g'noux
  cela fait transe alors transe avec moi, raconte-moi comment s'enfuir
  avec tes gestes à toi

 

  manque d'eau, manque de fesse, l'absence plane où s'enlise ma relique
  où prendre forme, où s'installer dans la godasse noire ?
  on va de ci on va de là, et tout lieu commémore ce départ manqué,
  ce retour sans fanfare

 

  ce qui manque à mon jour c'est d'être un jour tout nu, une lumière à cru
  il me semble n'avoir invité personne à mon incinération je n'ai même pas
  sorti les cacahuètes, grillées à sec, ou couché sur le dos
  je m'arrange l'ennui

 

  je me gratte la mésange, me voilà cerné par l'entre-moi
  s'il ouvre une porte c'est la porte qui le bat - pas moi, pas lui, ni celui qui dit moi ou celui qui dit lui, les confondant parfois, parfois les séparant, quand ils en viennent aux mains
  non : la porte, rien que la porte, toute la porte, sortie de mes gonds et prête à tout
  pour ne pas y rentrer

 

  comment fait-il pour ne pas s'endormir, lui qui s'endort si vieux
  sous la flaque une femme s'amenuise, il prend garde de ne
  pas marcher dedans, n'en point froisser l'image - peut-être se retient-il
  de jouir, quand l'os à bout s'y rompt

 

  victoire adossée à son mort, il déroute
  finir en dure beauté oui, mais finir quand même
  avec les dents du haut, avec les dents du bas, et les trous tout autour, les trous à l'évidence les trous
  à perte de raison

 

portrait craché

samedi 9 septembre 2023

les gens cherchent okuni

 

  cette odeur me rappelle un homme, car c'est là l'odeur d'un homme
  et tout homme en fait part à sa chemise
  à force de nuits vertes
  d'engins mal contrôlés
  ou si peu contrôlables...
  j'ai piqué vers la mer

 

  chante et déchante. petit animal blessé...
  d'une blessure un lampadaire
  la nudité qu'on cache sous la blouse, les points d'un permanent suspens
  comme quand t'as mal quelque part et que soudain, ben t'as plus mal

 

  venir de très loin et compter jusqu'à un
  un d'un extrême hasard
  et puis recommencer - recommencer jusqu'à tomber sur, je ne sais quoi moi : un
  cerisier sans noyau
  ou de plus loin encore

 

  le chien qui sommeille en moi a mangé son gadjo
  et nul ne le retient, quand n'en reste que les eaux
  j'ai flaque qui jouit sous le pied gauche, et qui se retourne s'appuie
  sur un vide à propulsion

 

  ils redeviennent lointains, les horizons - et leurs troupeaux s'égarent
  c'est comme un homme l'œil vide, saute à la corde un homme en corps
  se prend la porte ouverte, ou pour un courant d'air - se détraque
  oui, se détraque